Accueil A la une Régime de la séance unique aux écoles : Quel impact sur la famille ?

Régime de la séance unique aux écoles : Quel impact sur la famille ?

 

Le débat sur la révision des horaires scolaires est revenu sur le devant de la scène avec la déclaration du ministre de l’Education, Mohamed Ali Boughdiri, relative à l’adoption du système de la séance unique.

Depuis des années, la Tunisie tente de réformer tout le système éducatif et la révision des programmes est actuellement au centre de réunions et séances de travail. Après la consultation nationale étalée sur deux mois qui a été lancée en septembre dernier, le changement promis s’est d’abord focalisé sur les contenus, puis a évolué vers la modification des horaires scolaires dans le cadre d’une vision globale de la réforme. Plusieurs changements ont été annoncés, certains sont déjà en vigueur, mais beaucoup de questions subsistent.

Le débat sur la révision des horaires scolaires est revenu sur le devant de la scène avec la déclaration du ministre de l’Education, Mohamed Ali Boughdiri, relative à l’adoption du système de la séance unique. Selon plusieurs sources, une nouvelle organisation du temps scolaire serait nécessaire dans l’objectif de permettre à l’enfant d’exercer des activités périscolaires pour un parcours éducatif cohérent pendant et après l’école. Ces activités contribuent à l’épanouissement de l’enfant, à sa socialisation et à sa réussite scolaire. Un autre argument a été avancé en 2022 par l’Organisation internationale pour la protection des enfants méditerranéens concernant les risques sécuritaires menaçant les élèves qui font de longs trajets à pied et qui rentrent après 16h00. L’organisation est allée même jusqu’à lancer une pétition en ligne.

Bien exploiter les heures libres

Néanmoins, il est vraiment essentiel de se demander si les heures libres seront bien exploitées par les enfants et quels sont les moyens prévus afin de profiter de ces moments de repos. En effet, garder les élèves dans des clubs au sein de leurs établissements scolaires les après-midis nécessite une préparation complète concernant les infrastructures alors que les institutions éducatives souffrent déjà de nombreuses carences. La conjoncture actuelle n’est pas favorable pour discuter une telle solution. Plus important encore, ce qui est censé être un véritable temps libre utile aux enfants doit être conçu en accord avec les familles, dans le respect de leurs rythmes et en relation avec le socle commun de la société. Un groupe de travail commun doit alors analyser les conséquences de la réforme des horaires scolaires sur le quotidien des élèves et de leurs parents, car si, pour les responsables et les enseignants, cette réforme rime avec un repos bien mérité, pour les parents, elle rime avec de nouvelles charges et de nouvelles dépenses.

Ainsi, chacun regardera à sa manière cette idée de modification des emplois du temps. Si des voix appellent de leurs vœux à l’adoption de la séance unique en milieu scolaire, les fonctionnaires et les employés estiment qu’au contraire, ce nouveau régime n’est pas commode pour tout le monde et n’annonce pas toujours le répit et la détente. La question ne se limite pas au ministère de l’Education mais doit être faite en concertation avec les parties actives dans divers secteurs, puisque le nouveau régime horaire risque de modifier sensiblement l’organisation du travail et plus largement encore l’organisation d’une société. Les catégories de travailleurs auront des soucis pour déposer leurs enfants, le temps qu’ils aillent gagner leur pain. Quand ils reprennent le travail à la deuxième séance, il faut s’attendre alors à un déluge d’autorisations de sortie et à une énorme vague de congés. Les administrations seraient désespérément vides l’après-midi pour garder les enfants à la maison.

Des frais supplémentaires pour les parents

Les parents qui continueront toujours à travailler selon les horaires administratifs se verront obligés de prendre en charge, outre les frais de la scolarité, celles d’un établissement de garde. Avec des budgets restreints, certains vont opter pour des garderies scolaires clandestines ou d’autres espaces anarchiques qui représentent un danger réel sur la santé physique, mentale et intellectuelle des enfants.

En alternative à ces structures fermées, il y aura une présence massive des enfants dans les rues où la délinquance, la violence, la drogue et bien d’autres interdits d’autant plus alarmants les guettent en dehors des regards «éducatifs». Si l’autorité et la discipline continuent d’être les vecteurs éducationnels au sein de l’espace familial et l’espace scolaire, la rue est souvent un espace de liberté qui échappe au contrôle.

Embouteillages

Encore faut-il penser à l’encombrement du transport public et à des embouteillages monstrueux de voitures qui risquent de se créer tous les jours à l’heure de sortie commune de tous les élèves dans tous les établissements, aux dépenses de loisirs et de restauration réclamés par les enfants qui vont se languir et exiger des sorties.

En termes de retombées totales sur le quotidien de la famille, ce temps libre destiné aux loisirs ne semble pas un privilège pour tout le monde. Il s’agit surtout d’anticiper afin de pouvoir corriger les effets néfastes et trouver des solutions.

En somme, ce processus ambitieux qui vise à remodeler et à améliorer en profondeur le secteur de l’éducation nécessite une vision à long terme et une analyse minutieuse afin de changer les choses pour le mieux. Cette réforme des horaires scolaires, en particulier, a pour obligation de répondre aux défis auxquels se heurtent les parents travailleurs et s’adapter aux besoins de la société moderne. Il faut toute une réflexion qui transcende les simples ajustements et les modifications superficielles pour apporter des transformations significatives.

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